Introduction

Lorsque je pose, à mon entourage, la question :

  • quel logiciel utilises-tu pour rédiger tes textes ?

La réponse est, quasi invariablement :

  • Word.

Si j’ajoute :

  • et pour prendre des notes ?

La réponse la plus fréquente est :

  • aussi, pourquoi ?

 

Pour reprendre la main face aux impératifs de l’industrie informatique, il est indispensable de revoir nos méthodes, outils et formats.

Cet ouvrage est une nouvelle édition, entièrement revue et augmentée, du manuel “Markdown & vous” publié en 2023 sur le site e-publish[1] de l’Université de Liège. Il propose une réflexion sur une approche durable, ouverte et libre qui redonne la pleine maîtrise dans les activités de rédaction.

Basé sur le format Markdown, un langage sémantique simple, lisible par les humains et pérenne grâce à sa simplicité syntaxique. Markdown permet de revenir à des méthodes qui vont à l’essentiel en faisant les choses dans l’ordre, écrire, illustrer, éditer puis publier, sans perte de temps et d’énergie inutiles.

Le choix de Markdown supprime la dépendance à un logiciel spécifique, comme c’est le cas avec un traitement de texte. Ce choix est aussi une démarche liée à la science ouverte. En travaillant avec Markdown et Pandoc on va ouvrir l’ensemble de nos textes (Open Access), dans des formats ouverts (Open Data) avec des logiciels ouverts (Open Source).

Markdown est aussi une solution Single Source publishing (édition à partir d’une source unique), c’est à dire qu’avec un (ou plusieurs) même(s) fichier(s) source(s) on peut produire des documents dans différents formats (essentiellement docx, odt, HTML, ePub et pdf).

Deux thèses soutenues récemment, l’une à Bordeaux (Perret, 2022) et l’autre à Montréal (Fauchié, 2024), font une large part à Markdown. Ces travaux sont le signe que le monde académique commence à s’intéresser sérieusement à Markdown comme outil de rédaction.

L’ouvrage est divisé en quatre parties.

La première fait le point sur les évolutions du numérique, de la science ouverte, du développement durable et des outils actuels. L’objectif de cette première partie est de présenter la situation avec conviction pour susciter la réflexion et éventuellement induire des changements.

La deuxième partie présente le Pandoc-Markdown[2], les choix techniques et les bases de l’écriture avec ce langage.

La troisième partie présente l’utilisation de Markdown pour transformer la puissance et la complexité de LaTeX (un éditeur de textes scientifiques) en un processus accessible au plus grand nombre.

La quatrième partie propose des exemples et des modèles.

L’ouvrage est complété par des exercices, un aide mémoire et des sources complémentaires pour aller plus loin.

Ce manuel rassemble les fonctions de base présentes dans tous les bons manuels comme par exemple le manuel de Mailund (2019), “Introducing Markdown and Pandoc: using markup language and document converter” ou des fonctions plus “pratiques” glanées au fil de lectures.

Apprendre Markdown (ou un autre format) ce n’est pas juste apprendre un nouveau langage mais c’est avant tout adhérer à de nouvelles méthodes et à de nouveaux outils, c’est décider de reprendre le contrôle et tourner définitivement le dos à l’impératif fonctionnel si bien décrit par Vitali-Rosati (2024a).

“La technologie nous promet de nous rendre libres en nous délivrant de toutes les tâches ennuyeuses, triviales, répétitives, purement matérielles, en nous fournissant des « solutions » de plus en plus performantes, simples, intuitives, rapides et efficaces. Les GAFAM nous font rêver d’un monde qui fonctionne tout seul, d’un monde où nous sommes pris·es en charge jusqu’à nos identités par un petit nombre de compagnies privées. Mais cette délivrance se fait au prix d’une perte totale d’autonomie, avec une dépendance complète à ces technologies et à ces entreprises. (Vitali-Rosati, 2024a)”.

Adopter Markdown est donc un choix qui ne va pas nécessairement de soi. Il y a, dans un premier temps, des tâtonnements, des pertes de temps pour résoudre un problème particulier, des renoncements mais, à l’arrivée, le gain de temps et de liberté est évident.

“Il faut reconnaître que la production des documents à partir du Markdown en conjonction de Pandoc demande dans un premier temps un certain investissement, en tout cas une motivation quotidienne, et peut-être quelque chose d’une résolution indéfectible. Cet investissement nous semble pourtant la contrepartie indispensable dont on doit s’acquitter dans le dessein de s’approprier, au sens de faire sien, ce qu’est devenu l’écrit dans notre société aujourd’hui. (Dehut, 2018)”


  1. https://e-publish.uliege.be/md
  2. Dans ce manuel, nous utiliserons l'expression "Pandoc-Markdown" pour désigner la variante Pandoc de Markdown.

Licence

Symbole de Licence Creative Commons Attribution 4.0 International

L’écriture académique au format texte avec Markdown et Pandoc Droit d'auteur © par Bernard Pochet est sous licence Licence Creative Commons Attribution 4.0 International, sauf indication contraire.

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