#2 « Est-ce qu’il ne faudrait pas faire un scanner ? J’ai peur d’avoir une tumeur cérébrale »
Les signes d’alarme d’une céphalée
A priori, une céphalée qui dure depuis un an ou plus (chronique) est primaire et donc non dangereuse, alors qu’une céphalée qui est récente (aiguë) requiert de la prudence et souvent des examens complémentaires. Certains signes d’alarme d’une céphalée sont classés dans la figure 6 de sorte que les premières lettres forment le mot scanner comme moyen mnémotechnique.
Une anomalie à l’examen clinique nécessite toujours une mise au point approfondie, sauf si elle survient pendant la crise de certaines céphalées primaires (voy. plus loin). Une céphalée s’accompagnant de fièvre peut être due à une méningite. Une migraineuse connue dont la céphalée s’est modifiée récemment nécessite une attention particulière, de même qu’une migraine qui n’est plus améliorée par le traitement habituel, alors qu’elle l’était habituellement. Un mal de tête qui augmente progressivement au fil du temps et s’aggrave ou apparaît durant la nuit peut laisser suspecter une tumeur cérébrale. Une céphalée explosive, c’est-à-dire maximale en une fraction de seconde, est typique d’une rupture d’anévrisme cérébral, mais dans ± 50 % des cas, il s’agit d’une céphalée bénigne mimant un anévrisme (Delvaux et al., 2000) (Fig. 7). Toute céphalée qui ne remplit pas tous les critères de diagnostic d’une céphalée primaire est suspecte d’être secondaire à une autre pathologie et doit dès lors être explorée.
Les signes rassurants d’une céphalée
A contrario, une enquête récente (Pohl et al., 2021) a montré que les caractéristiques suivantes plaident pour une céphalée primaire par ordre décroissant de fiabilité :
- la céphalée actuelle était déjà présente dans l’enfance ;
- la céphalée est rythmée par le cycle menstruel ;
- le sujet a des jours sans céphalée ;
- des membres proches dans la famille ont le même type de céphalée ;
- la céphalée a disparu depuis au moins une semaine.
Pris isolément, aucune de ces caractéristiques n’a de valeur rassurante. Bien au contraire, si on ne considère que la dernière (disparition depuis une semaine), elle est loin d’exclure des céphalées secondaires potentiellement létales, comme par exemple la céphalée « sentinelle » qui précède une rupture d’anévrisme en moyenne de quinze jours. Ces caractéristiques ne plaident donc pour la bénignité de la céphalée que si elles sont présentes à plusieurs ou, encore mieux, toutes en même temps.