#3 « Je la sens venir ma migraine »
Les différentes phases de la crise migraineuse
La crise de migraine est un processus séquentiel composé de plusieurs phases (Fig. 8). On en distingue trois ou quatre selon les sujets.
La première est celle des prodromes et survient plusieurs heures, voire un jour avant le mal de tête. Elle se manifeste par des symptômes divers comme une fringale pour les sucreries (notamment pour le chocolat), une fatigue importante (comme un épuisement) avec bâillements ou, à l’inverse, une énergie débordante (excès d’activités ménagères), un changement d’humeur, ou encore des nausées ou des douleurs dans la nuque. Tous les sujets ne sont pas conscients de ces symptômes prodromiques, mais 30 à 40 % s’en rendent compte et, pour eux, il s’agit souvent du même symptôme.
Après les prodromes apparait la céphalée dont l’intensité augmente progressivement pour atteindre un maximum après une ou quelques heures et ensuite diminuer progressivement sur plusieurs heures, ou plus rapidement si le traitement de crise est efficace. La migraine n’est pas limitée au seul mal de tête. Le sujet a aussi d’autres symptômes qui peuvent être aussi ou plus invalidants que la céphalée elle-même. Les plus gênants sont les nausées et éventuellement les vomissements, mais aussi l’intolérance à la lumière (photophobie), au bruit (phonophobie), aux odeurs (osmophobie) et au mouvement (kinésiophobie), et souvent des troubles de l’équilibre (« l’impression d’être comme saoul »).
Il s’y ajoute des difficultés de concentration et de mémoire ainsi qu’une humeur dépressive. L’ensemble de ces symptômes entraine un état de malaise profond qui rend toute activité professionnelle ou sociale difficile, voire impossible, obligeant souvent le migraineux à se retirer ou se coucher dans l’obscurité (« Parfois, je me sens si mal que j’ai envie de mourir ») (Fig. 9).
Certains migraineux ont en plus avant ou au début de la phase céphalalgique des manifestations visuelles qu’on appelle aura visuelle et qu’il ne faut pas confondre avec la sensibilité à la lumière accompagnant la migraine (voy. infra, # 4).
Après la disparition des céphalées, il peut persister pendant un temps variable, parfois pendant 24 heures ou plus, un état postdromique marqué par une fatigue profonde (« Après la crise, je suis vidée »), des nausées ou des difficultés de concentration. Parfois, au contraire, la crise est suivie par une sensation de bien-être parce qu’on est enfin délivré du mal de tête, des nausées et du mal-être.