#8 « Il paraît qu’il y en a de plus en plus ? Est-ce que les enfants peuvent l’avoir ? »
Prévalence des migraines
Les migraines affectent entre 12 et 15 % de la population mondiale avec un dimorphisme sexuel marqué : 20-25 % de femmes, 5-10 % d’hommes (Global Burden of Disease Study, Lancet, 2020). Elles semblent moins fréquentes en Afrique et en Asie.
Dans une enquête récente que nous avons menée en province de Liège sur 751 habitants choisis au hasard en utilisant le questionnaire validé (Streel et al., 2015) (voy. Fig. 4), 26 % des sujets avaient présenté des migraines durant l’année précédente : 34 % de femmes, 18 % d’hommes (Fig. 32).
Plus de 40 % des sujets rapportaient des troubles de la vue qui pourraient correspondre à une aura migraineuse, mais il s’agit vraisemblablement d’une surestimation, car le diagnostic de migraine avec aura est peu fiable sur simple questionnaire. Les migraines sont ainsi les maladies neurologiques les plus fréquentes (Fig. 33).
En 2004, elles affectaient en Belgique 840.000 sujets adultes, n’étant dépassée en nombre parmi les maladies du cerveau que par les troubles anxio-dépressifs (Schoenen et al., 2006) (Fig. 34). Vu la fréquence moyenne des crises (voy. Fig. 22), on estime que quinze crises de migraine se déclenchent à chaque minute, c’est-à-dire 900 par heure, 21.600 en 24 heures.
La migraine est la plus prévalente entre 25 et 50 ans (Fig. 35). Contrairement à une idée reçue, la prévalence n’augmente pas significativement au fil du temps. Par exemple, entre 1990 et 2017, elle n’a augmenté que de 1,4 % aux États-Unis (Burch et al., 2021), ce qui peut simplement s’expliquer par un meilleur diagnostic de la maladie.
La première description d’une céphalée migraineuse se trouve dans un papyrus égyptien datant de 1500 av. J.-C. et l’aura visuelle a été décrite la première fois par Hippocrate en 200 av. J.-C. (Zanchin, 2010).
Comme le montre la courbe de prévalence selon l’âge aux USA de la figure 31, la migraine touche aussi les moins de 20 ans. Elle atteint 10 % des enfants après 6 ans, autant les garçons que les filles, et ce n’est qu’à partir de la puberté que la différence apparait entre les sexes aux dépens des femmes (Wijga et al., 2021) (voy. supra, # 12).
La migraine de l’enfant a quelques particularités : elle dure moins longtemps (deux heures) et se manifeste souvent par un changement d’apparence et de comportement de l’enfant qui devient pâle et s’arrête de jouer.
Parfois, la maladie s’exprime par des troubles digestifs avec douleurs abdominales (migraine abdominale) et/ou vomissements cycliques. Certains petits migraineux ont des crises de vertiges avec vomissements. Le traitement le plus efficace de la crise migraineuse chez l’enfant est le sommeil, par exemple une sieste même de courte durée.
Avant l’éclosion de la migraine, les futurs migraineux peuvent présenter durant leur petite enfance ce qu’on appelle des « équivalents migraineux » : crises d’acétone avec vomissements (« crises de foie »), mal de transport, somnambulisme, coliques abdominales.