Préface
La migraine, j’ai toujours vécu avec. Elle est devenue au fil des années une vieille partenaire qui me fausse compagnie de temps en temps pour une période indéfinie qu’elle seule a le pouvoir de déterminer, puis revient inopinément me rappeler à son bon souvenir au moment où je ne l’attends pas.
Je l’ai rencontrée à la puberté, à l’âge de treize ans.
Je me remémore très bien cette chaude journée de juin à la fin d’un examen de mathématique particulièrement éprouvant. Stress et chaleur combinés à un bouleversement hormonal ? Sans doute. Pour la première fois, j’ai eu une aura visuelle. Je ne savais pas du tout de quoi il s’agissait et j’étais effrayée par tous ces points lumineux, ces éclairs en zigzag, ces taches floues et celles plus sombres qui effaçaient les murs de la classe et les visages inquiets penchés sur de moi. Allais-je devenir aveugle ? On m’a conduite à l’infirmerie et mon père est venu me chercher. Il y a eu ensuite cet horrible mal de tête battant mon front sans répit, ces nausées et cette sensibilité à la lumière et au bruit, puis quelques heures plus tard, tout est rentré dans l’ordre et j’ai repris ma vie insouciante d’adolescente. Après quelques mois, lorsque la migraine est revenue, je l’ai reconnue et j’ai attendu que cela passe à nouveau.
C’est après la naissance de mon fils qu’elle est devenue de plus en plus fréquente et que j’ai commencé à errer de médecin en médecin, à ingurgiter des médicaments plus ou moins efficaces jusqu’à des crises à répétition qui ne me laissaient plus aucun répit.
C’est alors que j’ai eu la chance de consulter le Docteur Schoenen, qui selon ses propres mots et malgré un curriculum impressionnant, s’est toujours senti Docteur avant Professeur. Il m’a prescrit un traitement mieux adapté, ainsi que des vitamines en prévention.
Ma famille et mes amis vous diront que je l’appelle « mon sauveur » ! J’étais désespérée, en train de m’empoisonner avec des doses médicamenteuses de plus en plus fortes et inappropriées.
C’est aussi lors de cette première visite, il y a vingt-cinq ans déjà, que des liens artistiques se sont créés.
Lasse de m’entendre demander par tous les médecins de décrire ce que je voyais pendant les crises avec aura, j’ai déployé devant lui une grande feuille de papier aquarelle sur laquelle j’avais peint un visage féminin constellé de ces signes psychédéliques qui ponctuent l’aura. Il a acquis le dessin et l’a exposé dans son cabinet.
De temps en temps, je retourne chez le Docteur Schoenen, lorsqu’il y a des changements dans la manifestation de mes migraines, quand la science évolue aussi, car elle progresse dans la recherche et les traitements.
En 2018, le Docteur Schoenen m’a invitée à faire partie du jury « Brain’Art Challenge 2018 » destiné à récompenser la plus belle oeuvre se référant au cerveau et où j’ai eu l’occasion d’exposer deux tableaux dont l’un a été acquis par lui lors de la vente aux enchères dans le but de financer un projet médico-social pour des patients souffrant d’une maladie cérébrale.
Et aujourd’hui, je suis particulièrement fière de collaborer modestement à ce livre avec ma plume et mon pinceau.
Je sais – pour l’instant – qu’on ne guérit pas de la migraine, qu’elle fera toujours partie de ma vie, mais j’ai appris à la connaître et à l’apprivoiser.
Je vous laisse à présent en compagnie de ce livre qui vous éclairera et vous aidera à séparer le bon grain de l’ivraie parmi toutes ces informations et idées fausses qui circulent à son sujet.
Je vous souhaite une agréable lecture.
Christiana Moreau.
Artiste peintre, sculptrice, autrice.
La sonate oubliée, roman aux éditions Préludes et au Livre de Poche.
Cachemire rouge, roman aux éditions Préludes et au Livre de Poche.
La dame d’argile, roman aux éditions Préludes.
www.christianamoreau.be
