3. Apprendre à parler et à communiquer dans deux langues

Le langage peut être défini comme une fonction psychosociale utilisant à des fins de communication un système linguistique dans des modalités pouvant être orale, écrite ou encore gestuelle. La langue, quant à elle, représente un système de correspondances ‘sens-forme’ mettant arbitrairement en relation des unités de sens, des concepts avec des unités formelles parlées, écrites ou gestuelles (Comblain & Rondal, 2001). Les unités linguistiques (phonétiques -les sons-, lexicales -les mots-, morphologiques -les accords grammaticaux et les déclinaisons-, syntaxiques -les phrases) sont combinées entre elles afin de permettre la communication au sein du groupe partageant l’utilisation de ces mêmes unités linguistiques. Les règles de la pragmatique organisent la fonction communicative et interpersonnelle du langage permettant la gestion séquentielle de l’information (comme l’utilisation de pronoms à distance pour référer un objet ou une personne déjà mentionné antérieurement) ou encore l’utilisation de procédés stylistiques tels que l’emphase. Enfin, l’organisation discursive régit la gestion de l’information dans une production orale dépassant la taille de la phrase. Elle permet d’adopter un discours narratif, descriptif ou argumentatif selon la situation et le but du locuteur.

Encart 1 – Toute une vie pour communiquer ? Quand peut-on apprendre quoi ?
L’acquisition du langage a ceci de particulier qu’elle est en grande partie soumise à ce que les neurologues appellent une période sensible, c’est-à-dire un stade développemental de grande influence des expériences sensorielles sur le développement cortical sans que cette influence ne soit exclusivement limitée à cette période (Dehaene, 2021). L’acquisition du langage est, chez l’être humain, un exemple important de savoir-faire soumis à une période sensible. Concrètement, c’est pendant les premières années de la vie que l’enfant va effectuer un maximum d’apprentissages langagiers (cf. Tableau 4).
Parmi ces apprentissages langagiers, il en est un qui, du moins pour l’acquisition d’une première langue, est soumis à ce qu’on appelle une période critique, c’est-à-dire une fenêtre temporelle précise dans le processus développemental au cours de laquelle une expérience sensorielle doit impérativement se faire pour que l’apprentissage se fasse. Il s’agit de l’apprentissage phonémique, autrement dit des sons de la langue. Passé cette période, apprendre et maîtriser les sons de sa langue maternelle semblerait fortement compromis (Lenneberg,1967).

Tous les enfants passent par les mêmes stades d’acquisition du langage dans le même ordre, mais à des vitesses potentiellement différentes en fonction de diverses variables influençant positivement ou négativement les acquisitions caractéristiques de ces stades.

 

Tableau 4 : Stades de développement du langage.