La population en Belgique : enjeux démographiques

Le vieillissement de la population mentionné en introduction se dévoile sur les six parties du Graphique 1. Trois pyramides d’âge y sont présentées pour la Wallonie et Bruxelles, au dessus, et la Flandre, en dessous, pour les années 1991 et 2019, et la projection pour l’année 2047.

L’évolution est similaire si l’on compare les deux zones géographiques. Typiquement, la génération « baby-boom » en 1991 est constituée de personnes jeunes en âge de travailler, entre 20 et 45 ans. En 2019, cette surreprésentation s’est décalée vers le haut du graphique et concerne les personnes âgées entre 47 et 72 ans. Cette génération a donc un impact important sur la structure démographique de la société belge actuelle et future. De plus, les personnes de toute génération vivent plus longtemps grâce à la croissance de l’espérance de vie, ce qui est d’autant plus visible sur le graphique pour les 70 ans et plus, particulièrement en Flandre, qui vont jusqu’à doubler d’effectifs selon la région et la tranche d’âge. La représentation des âges en 2047 se transforme en « cylindre », avec une petite pyramide aux âges les plus avancés, ce qui se traduit en une diminution généralisée des 20 à 69 ans, et une nette augmentation des 70 ans et plus.

Graphique 1 : évolution de la pyramide des âges en Belgique
Les perspectives d’évolution de la population belge sur 2020-2071, réalisées par le Bureau fédéral du Plan, incorporent des modifications concernant les taux de mortalité et les migrations internes, afin de prendre en compte la pandémie de Covid-19. Source : 1991-2019 : observations, Statbel ; 2020-2071 : perspectives, Bureau fédéral du Plan et Statbel. Consulté en octobre 2020.

Outre l’impact unique de la génération « baby-boom » sur la pyramide des âges, l’espérance de vie change celle-ci de façon structurelle. C’est en effet une tendance de long terme : la part des plus âgés dans la population totale ne cesse de s’accroître, et devrait continuer son ascension dans les prochaines années. Le GRAPHIQUE 2 permet d’observer cette évolution avec le concept du « ratio de dépendance ». Ce ratio consiste à comparer deux populations : elle exprime le poids de la population âgée de 65 ans et plus par rapport à la population dite en âge de travailler (18-64 ans). Par exemple, un taux de 30 % montre qu’il existe 3 personnes de plus de 65 ans pour 10 personnes en âge de travailler.

Graphique 2 : évolution du ratio de dépendance des personnes âgées
Le ratio de dépendance est le rapport entre la population de plus de 65 ans sur la population dite en âge de travailler (18 à 64 ans). Il s’agit d’un indice fréquemment utilisé pour les questions liées au vieillissement. Source : 1991-2019 : observations, Stabel ; 2020-2071 : perspectives, Bureau fédéral du Plan et Statbel. Consulté en octobre 2020.

L’évolution de ce ratio de dépendance révèle une différence assez forte entre la Flandre et le duo Wallonie – Région de Bruxelles-Capitale, ce qui montre que la Flandre vieillit depuis le début des années 2000 un peu plus rapidement que les deux autres régions mises ensemble.

Quoi qu’il en soit, l’évolution reste similaire : depuis la fin des années 2000/début 2010, le ratio n’a de cesse de croître, mais devrait toutefois plafonner dans les années 2040 dans une certaine mesure. En Flandre, le taux passerait de 33 % en 2018 à 48 % en 2047, et en Wallonie et à Bruxelles il passerait de 28 % en 2018 à 40 % en 2047, soit une différence de 8 % à l’horizon 2047 entre la Flandre et la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Cette évolution de la structure de la population, résultant à la fois de l’allongement de la vie, du recul de la fertilité et, dans une moindre mesure, des flux migratoires, est en partie anticipée et fait l’objet d’études prévisionnelles. En Belgique, c’est au Conseil supérieur des finances que le Comité d’étude sur le vieillissement réalise ces prévisions, en établissant un rapport annuel sur les conséquences budgétaires et sociales du vieillissement de la population1.

Dans son édition parue en juillet 2020, le Comité prévoit une hausse des dépenses sociales équivalente de 5 points de pourcentage du Produit intérieur brut (PIB) d’ici 2040, puis une diminution de 0,7 % entre 2040 et 2070. Bien entendu, certaines inconnues peuvent affecter ces prévisions, dans le bon ou le mauvais sens : l’évolution du taux de fécondité, de l’espérance de vie aux âges avancés, et de perturbations diverses et inattendues, comme par exemple l’émergence d’une pandémie.

En 2020, le Comité ne pouvait pas passer à côté de la pandémie de Covid-19. Cette hausse des dépenses sociales en tient compte notamment dans leurs hypothèses de mortalité et des flux migratoires. Il est important de noter également que la crise liée à la Covid-19 a sévèrement impacté l’économie et sa croissance, par conséquent l’évolution du PIB a été revue à la baisse, et les dépenses sociales acquièrent un poids mécaniquement plus lourd.

Au-delà de ces perturbations en dehors de notre contrôle direct, il existe d’autres aspects sur lesquels nous pouvons agir : ceux qui relèvent des comportements individuels et de la vie en société. En effet, le financement des régimes de pension, les dépenses en soins de santé et les coûts liés aux situations de dépendance sont en partie déterminés, ou sont la conséquence de comportements individuels. C’est essentiellement à ces comportements individuels que nous nous intéressons dans cet ouvrage, et à leurs effets éventuels sur la santé et la dépendance, autrement dit à l’espérance de vie en bonne santé.

 

1 Le rapport annuel du Comité d’étude sur le vieillissement de juillet 2020, ainsi qu’un nombre important d’autres publications utiles du Bureau fédéral du Plan, sont disponibles sur le site www.plan.be/publications.

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La vie après 50 ans Copyright © 2021 by Xavier Flawinne et Sergio Perelman is licensed under a Licence Creative Commons Attribution 4.0 International, except where otherwise noted.

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