section 4 : le système nerveux périphérique

Section 4

Approche topographique du SN : description du SNP

Introduction

Le système nerveux périphérique (SNP) est composé de corps et de prolongements neuronaux (constituant les nerfs), localisés en dehors du système cavitaire postérieur (voir figure 8-5). Plus précisément, le système nerveux périphérique débute

à la jonction des radicelles dorsales et ventrales des nerfs spinaux (ou rachidiens) avec la moëlle épinière

à la jonction des radicelles avec le tronc cérébral des paires des nerfs crâniens III à XII.

Outre les ramifications de ces nerfs (équivalentes à la substance blanche du SNC), le SNP comporte des amas de corps neuronaux ou ganglions nerveux (équivalents à la substance grise du SNC) :

ganglions spinaux

ganglions latéro vertébraux

ganglions pré-aortiques

ganglions de certains nerfs crâniens

Le SNP comporte également les plexus situés entre les couches du tube digestif (sous-muqueux et myentérique), constitués de réseaux de fibres nerveuses associés à des ganglions intra viscéraux.

Via les nerfs, le SNP véhicule les informations sensorielles ou sensitives au système nerveux central et permet le cheminement des différentes informations effectrices volontaires (motrices, muscles striés squelettiques) ou non (muscles lisses, sécrétions) vers la périphérie. Il regroupe donc également les récepteurs sensoriels et sensitifs et les terminaisons motrices qui réalisent la jonction avec les fibres musculaires (plaque motrice).

1) Les nerfs du SNP

Les nerfs du SNP sont constitués d’axones et de dendrites emballés dans une enveloppe fibreuse. La gaine de myéline est fabriquée par des cellules particulières originaires des crêtes neurales, les cellules de Schwann alors que cette gaine provient des oligodendrocytes dans le SNC. On distingue

  • Les nerfs crâniens III à XII et leurs ramifications
  • Les nerfs spinaux qui donneront des rameaux dorsaux et ventraux. Les rameaux ventraux vont souvent s’interconnecter pour former les plexus nerveux somatiques ( réseau redistribuant les fibres afférentes et efférentes constitutives des nerfs spinaux) dont sont issus les nerfs périphériques. Il s’agit du système nerveux somatique.
  • Les fibres nerveuses qui quittent les rameaux ventraux des nerfs rachidiens pour rejoindre les ganglions nerveux périphériques et former des plexus au pourtour des vaisseaux pour atteindre les viscères qu’ils innervent. Il s’agit du système nerveux végétatif.

On parlera de nerfs somatiques pour les branches, issues des nerfs rachidiens, qui assurent l’innervation consciente (motrice ou sensitive) et de nerfs autonomes pour ceux qui assurent l’innervation involontaire et vaguement consciente des viscères. Pour ces derniers nerfs accompagnant les vaisseaux irriguant les organes cibles, on parle de paquets vasculo-nerveux autonomes qui regroupent les vaisseaux avec des fibres efférentes autonomes et des fibres de sensibilité viscérale (cfr section d’anatomie nerveuse fonctionnelle, système nerveux autonome ou SNA (ortho-sympathique OS et para-sympathique PS)) (figure 8-38).

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Figure 8-38

Nerfs somatiques et autonomes.

A : Nerfs somatiques

B : Nerfs autonomes

Les nerfs spinaux ( = 5) formés de la réunion des racines dorsales ( = 3) et ventrales ( = 4) se divisent en deux types de rameaux assurant l’innervation motrice (muscles striés) et sensitives de l’ enveloppe cutanée : dorsaux ( = 1) et ventraux ( = 2)

Les nerfs autonomes assurent la connexion entre les rameaux spinaux antérieurs et la chaîne latéro-vertébrale ( = 6 ), entre cette chaîne et les ganglions préaortiques ( = 7) et entre ces ganglions et les viscères ( = 8), ils comportent également les filets terminaux des nerfs vagues D (= 9) et G ( =10) qui rejoignent les plexus préaortiques ou l’estomac.

A- Les nerfs crâniens

Les 12 paires de nerfs crâniens sont numérotées de I à XII en chiffres romains. Ces nerfs ont été évoqués dans la section précédente (figure 8-26) et certains seront décrits dans la section des organes sensoriels. Les nerfs I et II (olfactif et optique) appartiennent au système nerveux central de par leur origine embryologique et la nature des cellules formant leur gaine de myéline (oligodendrocytes au niveau du NC II ou ophtalmique).

Les dix derniers trouvent leur origine dans le tronc cérébral et sortent de la boîte crânienne par des orifices de la base du crâne. Ils assurent l’innervation sensitive, motrice et viscérale de la tête et du cou et, par l’intermédiaire des nerfs vagues (X), assurent l’innervation autonome (parasympathique) des viscères des cavités thoracique et abdominale.

B– Les nerfs spinaux, les plexus somatiques et les nerfs périphériques

Le nerf spinal (figures 8-39 et 40) est formé de la réunion d’une racines antérieure (ventrale) et d’une racine postérieure (dorsale). Les racines antérieures véhiculent des fibres efférentes, les racines postérieures des fibres afférentes. La racine dorsale contient le ganglion spinal, localisé au niveau du trou de conjugaison où se forme le nerf spinal. Les racines des segments de moëlle inférieurs s’allongent pour rejoindre leur trou de conjugaison correspondant, le tube osseux s’étant beaucoup plus allongé que le tube nerveux, la fin de la moëlle se situe en regard du corps de la deuxième vertèbre lombaire. Ces racines allongées s’étendant sous le cône médullaire terminal forment la queue de cheval.

A chaque segment de moëlle correspond une paire de nerfs spinaux, on distingue donc : 8 paires de nerfs spinaux cervicaux, 12 thoraciques, 5 lombaires, 5 sacrés 1 coccygienne, soit 31 paires pour 33 vertèbres.

Les 7 premières paires de nerfs spinaux émergent au-dessus du pédicule de leur vertèbre correspondante : la paire de nerfs spinaux C1 au dessus du pédicule de la vertèbre C1 et ainsi de suite jusqu’au nerf spinal C7 qui émerge au dessus du pédicule de la septième vertèbre cervicale. Le dernier nerf spinal cervical (C8) émerge en dessous du pédicule de la septième vertèbre cervicale. Ensuite, chaque nerf spinal sort du trou de conjugaison sous le pédicule de la vertèbre correspondante.

La racine dorsale du nerf spinal C1 est absente, le premier nerf spinal est purement moteur.

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Figure 8-39

Nerfs spinaux : dénomination

A : Vue d’ensemble : 1 les 8 nerfs spinaux cervicaux portent le nom de la vertèbre dont ils surmontent le pédicule, excepté le nerf spinal C8 qui passe sous le pédicule de C7, 2 au niveau thoracique, les nerfs spinaux portent le nom de la vertèbre dont le pédicule surmonte leur émergence, idem au niveau lombaire (3) et sacré (4), un seul nerf spinal coccygien naît du coccyx (5)

B : les radicelles (= 6) forment la racine, ici postérieure ( = 7) portant le ganglion spinal ( = 8) qui s’unit avec la racine ventrale pour former le nerf spinal ( = 9) qui se divise en rameaux dorsaux ( = 10) et ventraux ( = 11)

C : le premier nerf spinal, passant au dessus du pédicule de l’atlas, ne possède qu’une paire de racines ventrales.

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Figure 8-40

Nerfs spinaux : extrémité caudale – queue de cheval

Vue de l’hémibassin droit et du rachis, du sacrum isolé et d’une section longitudinale du rachis lombo-sacré, vue interne. NS = nerf spinal

Trou de conjugaison = 5 au niveau sacré = 4 au niveau lombo-sacré et = 8 au niveau sacro-coccygien.

La fusion des apophyses articulaires des pièces sacrées embryonnaires transforme l’orifice du trou de conjugaison au niveau du sacrum formé en un tunnel osseux en « T » (voir aussi figure 5-37). Ce tunnel s’ouvre par les foramens sacrés ventraux ( = 7, en rouge par transparence) et dorsaux ( = 6, en bleu par transparence). Les racines longues ( = 1) donnent le nerf spinal dont les rameaux ventraux ( = 2) et dorsaux ( = 3) émergent des foramens sacrés respectivement ventraux et dorsaux. L’ensemble de ces longues racines forment la queue de cheval ( = 9).

Les nerfs spinaux se divisent rapidement en un rameau dorsal et un rameau ventral.

  • Les rameaux dorsaux sont destinés à la sensibilité et à la motricité du cou, du dos et des lombes en gardant une disposition métamérique (segmentaire) (figure 8-41).
  • Les rameaux ventraux de T2 à T12 se disposent de façon étagée pour assurer l’innervation motrice et sensitive de la paroi thoracique et abdominale. Par contre, tous les autres rameaux ventraux réalisent des anastomoses entre eux. Ce réseau porte le nom de plexus d’où sont issus les nerfs dits périphériques.

La répartition de l’innervation périphérique (sensibilité cutanée et motricité volontaire) en fonction de l’origine du segment de moëlle permet de dresser les cartes des dermatomes et myotomes qui seront superposables à celles de l’innervation assurée

  • par les rameaux ventraux des nerfs spinaux thoraciques uniquement
  • par tous les rameaux dorsaux.

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Figure 8-41

Organisation plexuelle.

Représentation des territoires cutanés innervés par 3 segments de moëlle via les rameaux dorsaux ( =1) et ventraux ( = 2) des nerfs spinaux.

A : Les rameaux dorsaux conservent la distribution métamérique, les territoires de ces nerfs correspondent aux dermatomes

B : Au niveau cervical, lombaire et sacro-coccygien, les fibres composants les rameaux ventraux sont redistribuées par les plexus nerveux ( = 3) , les nerfs périphériques qui en sont issus( = 4) véhiculent des informations provenant de portions de dermatomes différents.

On identifie les plexus suivants (figure 8-41)

  • cervicaux, le superficiel et le profond de C1 à C4
  • brachial de C3 à T1 assurant l’innervation du membre supérieur)
  • lombaire de L1 à L4, sacré de L4 à S3, pudendal de S2 à S4 et coccygien de S5 à cox assurant l’innervation de la partie inférieure du tronc et celle des membres inférieurs)

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Figure 8-42

Les différents plexus.

En rouge, les différents trous de conjugaison ou au niveau sacro-coccygien, les foramens sacrés ventraux, canal rachidien cervical ( = 1 et 2), lombaire ( = 3) et sacro-coccygien ( = 4)

A : Plexus cervical

B : Plexus brachial organisé autour de l’artère sous clavière

C : Plexus lombaire

D : Plexus sacro-coccygien

La redistribution des fibres opérée par l’organisation plexuelle aboutit à la formation des nerfs périphériques. Chaque nerf périphérique véhicule une partie des fibres des branches antérieures de différents nerfs spinaux. De même, les fibres issues d’une même branche antérieure d’un nerf spinal sont distribuées dans plusieurs nerfs périphériques. La cartographie de l’innervation assurée par les nerfs périphériques diffère ainsi de celle des dermato-myotomes, excepté pour les nerfs intercostaux issus des rameaux ventraux des nerfs spinaux thoraciques qui ne présentent pas cette distribution plexuelle (figure 8-42).

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Figure 8-43

Dermatome et territoires d’innervation des nerfs périphériques.

A gauche, représentation des dermatomes du thorax et du membre supérieur, à droite, innervation cutanée réalisée par les nerfs périphériques.

CLes nerfs autonomes

Les nerfs autonomes (figure 8-44) véhiculent l’innervation des viscères :

  • sensibilité viscérale
  • commande effectrice autonome (fibres ortho- et para- sympathiques).

Les nerfs autonomes relient ainsi

  • les rameaux antérieurs de certains nerfs spinaux (contingents OS de T1 à L2 et PS sacré en S2, S3 et S4) aux ganglions latéro-vertébraux
  • certains nerfs crâniens (NC III, VII, IX et X : contingent PS crânien) aux ganglions du SNP
  • les ganglions latéro-vertébraux aux plexus et ganglions pré- ou péri-vasculaires
  • les plexus et gangions pré- et péri-vasculaires aux organes cibles.

Pour chaque viscère, la connaissance du cheminement de son innervation autonome effectrice (OS et PS) permet de déduire les segments médullaires responsables de la sensibilité du viscère concerné (cfr infra).

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Figure 8-44

Nerfs autonomes.

Les nerfs autonomes relient :

  • les rameaux ventraux des nerfs rachidiens à la chaîne ganglionnaire latéro vertébrale : rameaux communiquants gris et blancs ( = 1) (voir aussi figure 8-56)
  • La chaîne ganglionnaire latéro vertébrale (ChLV) aux plexus autonomes situés le long des axes carotidiens (PCa), des viscères thoraciques, sur la face antérieure de l’aorte abdominale (plexus pré-aortique et ganglions préaortiques (ggl° PA) ou la paroi latérale du rectum (plexus hypogastrique inférieur (PHyS)) : nerfs splanchniques cervicaux, thoraciques, lombaires et sacrés ( = 2)
  • les rameaux ventraux des nerfs rachidiens pelviens (S2, S3 et S4) au plexus hypogastrique inférieur (latéralement au rectum (PHyI)) : nerfs splanchniques pelviens (contingent PS sacré) ( = 3)
  • certains nerfs crâniens et les plexus ou organes cibles (contingent PS crânien) (= 4)
  • le plexus hypogastrique supérieur aux deux plexus hypogastriques inférieurs : nerfs hypogastriques ( = 5)
  • les plexus péri- ou prévasculaires (carotides, aorte…) aux organes cibles en suivant le trajet de leur irrigation : pédicules vasculo-nerveux autonomes ( = 6)

2) Les ganglions du SNP

Les corps neuronaux localisés en dehors de la boîte crânienne constituent les ganglions du SNP qui regroupent (figure 8-45):

  1. les ganglions spinaux localisés au niveau du trou de conjugaison sur les racines dorsale de C2 à cox
  2. les ganglions des nerfs crâniens pour leur versant afférent (sensitif – sensoriel)
  3. la chaîne ganglionnaire latéro-vertébrale (corps de deuxièmes neurones orthosympathiques): cervicale, thoracique, lombaire, sacrée et un ganglion impair coccygien. Ces ganglions sont connectés à toutes racines ventrales spinales par les rameaux communiquants gris et aux racines ventrales de T1 à L2 par les rameaux communiquants blancs.
  4. Les ganglions préaortiques des plexus préaortiques (corps de deuxièmes neurones orthosympathiques) qui avec leur fibres d’interconnexion, portent le nom des vaisseaux émergeant : coeliaque, mésentérique… ainsi que le plexus hypogastrique supérieur face à la bifurcation aortique et les plexus hypogastriques inférieurs face aux parois rectales latérales.
  5. Les ganglions des relais parasympathiques au niveau du cou et de la face (ganglions ciliaires, ptérygo-palatins, otiques et sous mandibulaires : (corps de deuxièmes neurones du parasympathique crânien)

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Figure 8-45

Ganglions du SNP.

En jaune, corps neuronaux du système nerveux somatique (SNS), en vert corps neuronaux appartenant au système nerveux autonome (SNA).

A : Vue par projection sur le profil gauche des ganglions du SNP au niveau de la tête : 1 = ganglion trijumeau (NC V), 2 = ganglion vestibulaire (NC VIII), 3 = ganglion NC IX et X, 5 = ganglion otique, 6 = ganglion géniculé, 7 = ganglion ptérygo-palatin, 8 = sous mandibulaire.

B : Représentation de principe des ganglions du tronc : 9 = ganglion spinal, 10 = ganglion de la chaîne latéro vertébrale, 11 = ganglions préaortiques, 12 = ganglions des plexus hypogastriques (supérieur et inférieurs)

C) Le système nerveux entérique

Le système digestif contient de nombreux corps neuronaux, on parle parfois d’un deuxième système nerveux (figure 8-46). Ces neurones embryologiquement ont migré des crêtes neurales pour atteindre le tube digestif. Avec leurs prolongements ils constituent deux nappes de plexus localisés

  • sous la muqueuse (plexus sous muqueux de Meissner), régulant l’activité sécrétoire
  • entre les couches musculaires lisses circulaire et longitudinale (plexus myentérique d’Auerbach), régulant l’activité motrice (péristaltique)

Le système nerveux entérique présente un fonctionnement autonome modulé par les systèmes nerveux autonomes.

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Figure 8-46

Le système nerveux entérique.

A : Portion d’intestin grêle et son méso (mésentère)

B : Agrandissement : 1 = couche musculaire longitudinale externe, 2 = couche musculaire circulaire interne, 3 muqueuse intestinale, 4 = plexus nerveux sous-muqueux, 5 = plexus nerveux myentérique

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