Chapitre 1. Introduction générale

Définition, Historique et divisions de l’Anatomie

L’anatomie du grec « anatome » (incision, dissection) étudie la structure du corps humain soit la forme, la position spatiale des différents composants et leurs rapports respectifs qui définissent le plan, l’architecture, du corps humain. Discipline ancienne, elle étudie classiquement les éléments observables à l’œil nu.

Aujourd’hui la structure du corps humain doit s’intégrer depuis l’échelon moléculaire jusqu’à l’échelle macroscopique.

Les atomes et molécules de base s’organisent en macromolécules, en membranes et forment la plus petite unité vivante, la cellule.

La cellule humaine, eukaryote (nuclée et contenant des organelles à l’inverse des cellules prokaryote), trouve son origine dans la fusion des gamètes mâle et femelle. En se divisant elle donnera progressivement des cellules filles spécialisées qui s’associent pour former les 4 tissus de base (fig 1-1):

  • Tissu épithélial
  • Tissu conjonctif
  • Tissu musculaire
  • Tissu nerveux

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Figure 1-1

De la molécule aux tissus : échelons microscopiques

A : Le premier échelon est moléculaire. Les phospholipides (= 1) s’organisent en double couche avec les macromolécules que sont les protéines (= 2) pour former des membranes (=3)

B : Le deuxième échelon est cellulaire. Les membranes délimitent un volume contenant le cystoplasme abritant les organites (= 4) et le noyau cellulaire (= 5).

C : Les cellules de fonction et de morphologie semblables constituent le troisième échelon microscopique, l’ensemble de ces cellules constituent un tissu, on distingue :

  • les tissus épithéliaux : cellules jointives reposant sur une membrane basale (= 6) pour former des revêtements internes et externes et des structures sécrétrices (glandes) C
  • les tissus conjonctifs (soutien) composés de cellules et d’une matrice extra-cellulaire (= 7) variable en composition et consistance (dure (os, cartilage), molle ou liquide (sang)) D
  • les tissus musculaires dont les cellules sont capables d’une contraction diminuant la longueur cellulaire (= 9) grâce au « téléscopage » de filaments protéiques intracytoplasmiques (= 8) E
  • le tissu nerveux dont les cellules sont munies de prolongements cytoplasmiques (dendrites = 10, axone = 11) permettant d’établir des contacts entre elles et la transmission d’influx. F

L’étude de ces tissus et organes à l’échelle microscopique est l’objet de l’histologie.

Plusieurs organes assurent une fonction complexe qui définit un système ou appareil: le cœur et les vaisseaux assurent la circulation sanguine et constituent le système circulatoire, (fig 1-2).

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Figure 1-2

Tissus Organes Systèmes : échelons macroscopiques

: L’assemblage des éléments tissulaires tels que le muscle (1 = muscle strié cardiaque, 3 = muscle lisse) et le tissu épithélial (2 = endocarde, 4 = endothélium vasculaire) forment des organes B (cœur , vaisseau) qui à leur tour composent un système C (système circulatoire).

Les différents systèmes sont contrôlés volontairement ou involontairement avec des niveaux de conscience variables qui permettent de définir la vie de relation et la vie végétative.

On regroupe dans la vie de relation (consciente et volontaire) les systèmes locomoteur et nerveux et dans la vie végétative ((in)consciente et involontaire) les systèmes circulatoire, respiratoire, digestif, néphro-urinaire, reproducteur et endocrinien.

Sur cette base se définissent les deux grandes approches de l’anatomie : systémique et topographique (Fig 1-3) :

  • L’anatomie systémique ou systématique étudie la structure macroscopique des organes constituant un appareil ou système donné. Elle constitue l’approche initiale courante de la science anatomique. Dans bon nombre de situation, elle donne les clés nécessaires pour comprendre les processus physiologiques d’un organe et leurs dérèglements.
  • L’anatomie topographique étudie une région du corps humain en analysant les différents systèmes qui s’y rencontrent et leurs rapports respectifs. Elle nécessite une certaine maîtrise préalable de l’anatomie systémique et sa connaissance constitue une des compétence à atteindre pour les professionnels de la santé. La compréhension de la sémiologie, de l’examen clinique, du décours des processus pathologiques requièrent des connaissances topographiques. Des connaissances topographiques plus avancées deviennent indispensables pour analyser les données de l’imagerie médicale et pour procéder aux actes thérapeutiques (imagerie interventionnelle, chirurgie)

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Figure 1-3

Anatomie systémique et topographique

Anatomie du cœur :

A : approche systémique, l’organe isolé (= 1) est étudié en forme, taille, volume en utilisant l’assimilation du volume à des éléments géométriques simples permettant de décrire des faces, des arêtes, des bords… (2 et 3), voir chapitre 2, figure 2-43.

B : approche topographique, les rapports de l’organe avec les structures avoisinantes sont étudiés souvent à l’aide de coupes d’incidence variable (sagittale = 4, transversale = 5), de séries de coupes, de modèles divers… (voir chapitre 2)

A ces deux divisions de la science Anatomique, il faut ajouter :

  • L’anatomie fonctionnelle établit les liens entre forme et fonction de l’organe, à la description morphologique s’ajoutent des données physiques et physiologiques (étude des articulations et principe physique des leviers, œil et physique optique, système cardiovasculaire et mécanique des fluides etc…)
  • L’anatomie clinique est une approche topographique vue sous l’angle des implications cliniques, notamment pathologiques. On y retrouve l’anatomie radiologique qui correspond à la vision de l’anatomie au travers des techniques de l’imagerie médicale et l’anatomie médico-chirurgicale qui se base sur l’anatomie pour définir les voies d’accès chirurgicales et les gestes thérapeutiques chirurgicaux.
  • L’anatomie comparée étudie l’évolution morphologique des êtres vivants. Les transformations amenant de la cellule fécondée à l’âge adulte pour un individu donné constituent l’ontogenèse alors que celles observées au cours de l’évolution d’une espèce constituent la phylogenèse.
  • L’anatomie des malformations étudie les anomalies de régression ou d’évolution et les malformations congénitales en essayant de comprendre le mécanisme d’apparition (tératogenèse)

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